It (Catherine Grive)
Résumé de l’éditeur
« Au collège, on m’appelle « it » et le genre neutre du pronom anglais me va bien. Ce qui ne me va pas, c’est mon corps de fille sous la douche, dans le miroir… Car je sais que je suis un garçon. » » Quand une jeune fille de quatorze ans trouve le courage et les mots pour dire à sa famille qu’elle se sent mal dans son genre. Une histoire pleine de fraîcheur qui mêle humour et sincérité pour aborder la question essentielle du « transgenrisme ».
Mon avis
Joséphine est une jeune adolescente au look très masculin. Souvent prise pour un garçon, le surnom « it », genre neutre en anglais, que lui ont donné ses camarades de classe lui convient plutôt bien. Un incendie récent vient de ravager l’appartement dans lequel vivait sa famille, il n’y a pas de victime, mais rien n’est récupérable. Jo a quand même eu le réflexe de prendre son carnet de dessins avant de partir. S’ensuit la difficulté de se reloger et de vivre temporairement avec une famille qui ne fonctionne pas comme la sienne, mais aussi la culpabilité car Jo a commis une maladresse à l’origine de l’incendie et n’ose pas le dire à ses parents.
L’incendie a fait l’effet d’un déclic chez Jo concernant son identité sexuelle : c’est à ce moment-là qu’elle commence à parler d’elle au masculin. Elle le sent, elle le sait : elle est un garçon dans un corps de fille. Elle a besoin de se sentir libre d’être qui elle est vraiment, elle commence alors à s’affirmer et à buter contre le déni de ses parents et les sarcasmes des jeunes de son âge.
It est un roman assez court traitant d’un sujet complexe, qui est mis de côté au début de l’histoire au profit des détails relatifs à l’incendie. Ensuite, le thème de l’identité sexuelle est abordé, mais traité d’une façon assez expéditive. Jo décide d’assumer son identité sexuelle, ses parents résistent, puis cèdent. C’est un peu facile, le personnage manque de nuances et surtout, de l’ambivalence qui devrait selon moi caractériser la complexité de son identité.
La 2e partie du récit est plus intéressante : on découvre les réactions de l’entourage de Jo (les maladresses et les mesquineries).
« – Quel garçon manqué tu es ! avait ri Marie-Antoinette en payant à la caisse.
Jamais cette expression me concernant, moi ou quelqu’un d’autre, ne m’a paru adaptée. Le contraire de « garçon manqué », c’est quoi ? Une fille réussie ? Et si une fille est ratée, c’est pour quelle raison ? Parce qu’elle est un garçon ? Parce qu’elle est un garçon et une fille à la fois ? »
La fin est ouverte et on espère que l’héroïne pourra poursuivre son chemin vers une identité apaisée et acceptée par ses proches…
« Je fais partie des solitaires, de ceux chez qui les mots ne viennent pas facilement, mais les images si, qui ont besoin de se créer une bulle pour être eux-mêmes. L’ai-je toujours été ? Pas du tout. J’ai développé cette nature à force d’être perçue comme une personne différente. Une personne née fille, en l’occurrence. Une personne avec ses goûts propres… »
Le +
Le thème est intéressant, très peu traité en littérature de jeunesse et important à aborder avec les jeunes (et les adultes, soit dit en passant).
Le –
- L’incendie prend beaucoup de place au début du récit, comme je l’ai déjà mentionné.
- Le changement de genre est traité trop rapidement. Je ne suis pas une spécialiste en la matière, mais d’après les témoignages que j’ai lus, j’ai appris qu’il fallait des mois pour passer les différentes étapes psychiques et médicales pour changer de sexe. Cela me paraît logique, mais ça n’est pas traité comme tel dans le roman.
- La famille qui accueille temporairement Jo est belge et on a droit à plusieurs clichés sur les Belges (c’est un peu lourd, on aurait pu s’en passer).
- L’autrice effleure la question de l’identité sexuelle. Elle plante une graine qui aurait mérité de germer un peu plus en enlevant le superflu pour que son roman soit plus percutant.
Le coin des profs
Le roman ne présente aucune difficulté de lecture et peut être proposé à tous les jeunes car le thème de l’identité sexuelle est traité en superficialité (cela rend la lecture facile).
Niveau de lecture
Débutant
Genre
Récit réaliste
Mots clés
Amitié, différence, famille, incendie, (trans)identité, solitude
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Appelez-moi Nathan, Catherine Castro
Infos pratiques
- À partir de 13 ans
- Gallimard jeunesse
- 183p.
- 9€