La (presque) grande évasion (Marine Carteron)

La (presque) grande évasion (Marine Carteron)

Résumé de l’éditeur

Elle, c’est Bonnie, comme dans « Bonnie and Clyde », et pour une fille de gendarme, c’est pas banal. La langue bien pendue et avec une sacrée bougeotte, c’est une habituée des heures de colle le mercredi aprèm. Alors, quand sa mère disparaît du jour au lendemain en ne laissant qu’un petit mot lapidaire sur le frigo « Je pars ». Bonnie décide de braver le confinement et le couvre-feu pour la retrouver. Mais ce qu’elle n’avait pas prévu c’est que ses deux crétins d’amis et son chien l’accompagneraient : Malo l’hypocondriaque, Jason le spécialiste des embrouilles et Melting-Pot le champion de la distanciation sociale (rapport à sa gueule pleine de dents). Marine Carteron, l’autrice des « Autodafeurs », « Génération K » et « Dix », nous livre un road-trip sur-vitaminé à bord d’une… barque !

Mon avis

Bonnie est une fille de gendarme qui vit dans la caserne de son père, au rythme de ses mutations. Elle est née avec un bec de lièvre et doit en permanence affronter le regard des autres, ce qui n’est pas facile pour elle. Elle a tout de même deux amis, Malo, un maigrichon hypocondriaque passionné par l’histoire, et Jason, un champion de kick-boxing, qui la soutiennent tout le temps, même si au début, ils ne pouvaient pas se supporter tous les trois.

Un matin, Bonnie découvre en se levant un message de sa mère annonçant “je pars” et découvre sa carte de crédit juste à côté. Il ne lui en faut pas plus pour imaginer que sa mère quitte son père, elle décide alors d’aller à sa poursuite pour sauver sa famille. Elle veut partir seule de prime abord, mais Malo et Jason s’incrustent avec elle pour la soutenir, mais aussi pour avoir le prétexte de vivre des aventures. Le trio sera aussi accompagné de Melting-Pot, le chien très laid mais très fidèle de Bonnie.

« Honnêtement, vu notre manque de discrétion, je ne sais toujours pas comment nous avons réussi à sortir de la caserne sans nous faire choper. Enfin, si, je sais.
 
C’était soir de match, un tournoi de rugby qu’une partie des gars avaient décidé de suivre sur la grande télé de la salle commune en buvant des bières. Oui, je sais, c’était pas Covidcompatible comme regroupement, mais les gendarmes sont des hommes et des femmes comme les autres. Au bout d’un an, ils en avaient ras le képi de vivre comme des marmottes dans leur trou et ils étaient bien placés pour savoir que des fêtes (de moins en moins clandestines) se multipliaient sur le territoire. Ce soir, ils avaient envie de lâcher la pression, et c’était pas moi qui allais leur jeter la pierre… d’autant que ça nous arrangeait bien.
 
Si on avait été des terroristes, on aurait pu piéger tous les bâtiments les doigts dans le nez et repartir sans croiser personne (ce qui n’est pas rassurant quand on y pense). Heureusement, on n’était que des ados en train de se faire la malle (ce qui est beaucoup moins dangereux… enfin, pour ceux de la caserne, parce que, pour nous, vu qu’on est en train de foncer vers le vide, c’est une autre histoire…). »

La particularité du roman est qu’il se déroule durant le 3e confinement. À la base, j’étais plutôt contre l’idée de me coltiner un contexte pareil, car j’étais déjà saturée par la crise sanitaire qui a duré près de 3 ans, mais en réalité ce confinement n’est qu’une trame de fond qui donne la saveur de la transgression au road trip. D’ailleurs, Bonnie est très contente de l’existence du coronavirus car elle peut désormais cacher sa cicatrice sur la lèvre avec un masque et ne pas être dévisagée quand elle le porte.

Au fur et à mesure qu’on avance dans la traversée, nous en apprenons plus sur ce trio d’adolescents fils et fille de flic, la façon dont ils se sont rencontrés, leurs qualités et leurs faiblesses. Mais c’est surtout une aventure humaine, un peu dangereuse et enrichissante comme le sont toutes les aventures. Il faut dire que le « Canal » est un lieu mouvementé, entre les canards et les poursuites de Melting-Pot, une rave party sauvage à grands renforts de flics et une course poursuite armée avec des caïds de la drogue.

La (presque) grande évasion est un roman de bêtises très amusant. Les mésaventures des trois héros s’enchaînent avec un rythme très efficace, Marine Carteron utilise une succession de scènes d’action et une description presque cinématographique des différentes séquences pour augmenter le suspense. D’ailleurs, le roman commence par une scène extrêmement tendue et délicate, nous devons faire un long flash-back avant de revenir à cette scène finale.

Ce road trip mené par les 3 héros, qui enchaînent les bourdes et les sarcasmes, est aussi parcouru de dialogues comme je les aime : percutants et caustiques. Impossible de s’ennuyer avec ces trois bras cassés et un chien pisteur de volatiles et de drogue dure.

« Mon chien avait rejoint la rame baladeuse et jappait autour comme un chien de berger engueulant une brebis égarée. On s’est tous mis à l’encourager. Moi pour qu’il revienne fissa, et les deux autres pour qu’il rapporte la rame au passage. Quand je pense qu’on n’avait pas démarré le moteur pour rester discrets…
 
Obéissant, Melting-Pot a pris la rame entre ses dents, effectué un élégant demi-tour avant de revenir jusqu’à nous à la force des pattes. Évidemment, une fois arrivé à flanc de canot, il ne voulait pas lâcher son trophée.
 
On a dû s’y mettre à trois pour soulever la rame (et Melting-Pot) dans le bateau. Vingt-cinq kilos de chien, plus le poids de l’eau dans ses poils, je vous laisse imaginer. Ensuite, normal, Melting-Pot a dû trouver qu’il était un peu mouillé.
– Melting-Pot ! NOOOOONNNN !!!! avons-nous crié en chœur.

Trop tard. Avant qu’on puisse se protéger, tout ce qui restait encore de sec sur le canot s’est retrouvé entièrement trempé. Enfin, tout, sauf Melting-Pot qui, lui, venait soigneusement de s’essorer en mode shaker de la pointe du museau au bout de sa queue. »
 

En réalité, l’histoire est relativement simple, mais c’est vraiment le rythme et la qualité de l’écriture qui font de ce roman un livre très drôle pour les adolescents et les adultes.

« Sous le ronronnement d’abeille du petit moteur hors-bord, nous avancions doucement le long du canal pendant que Malo, qui avait pris la barre, nous détaillait avec moult détails notre mort prochaine à cause de (dans le désordre) : nos vêtements trempés, les bactéries pullulant dans l’eau du canal, ou une noyade consécutive à « notre navigation nocturne augmentant nos risques de collision avec un objet flottant non identifié ». »

Le +

  • Un récit hilarant qu’on lit d’une traite.
  • La fin est très émouvante.

Le –

Voir des héros masqués sur la couverture ne m’attirait pas, mais l’image reflète bien le contenu de l’histoire.

Le coin des profs

Le récit ne présente pas d’intérêt pédagogique et est une occasion de vivre un bon moment de lecture.

Niveau de lecture

Débutant

Genre

Road trip

Mots clés

Amitié, aventures, bêtises, canal, confinement, drogue, famille, police, road trip

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

Trois hommes dans un bateau, Jérôme K. Jérôme

Infos pratiques

  • À partir de 13 ans
  • L’école des loisirs
  • 458p.
  • 18€
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