Le ciel est à tout le monde (Marie Chartres)
Résumé de l’éditeur
Dans la vie d’Ethan Claudel comme dans les séries, il y a des épisodes inoubliables et des personnages qu’il n’a pas envie de quitter, des rêves qui se construisent au fil des saisons, des événements qu’il ne comprend pas, des mondes qui se renversent, des évasions et des apocalypses auxquelles il devra survivre. Les oiseaux résistent bien aux météorites, alors pourquoi pas lui ?
Mon avis
C’est l’histoire d’Ethan Claudel (11 ans) et de son frère aîné Yaël (16 ans) qui, un beau jour, se retrouvent abandonnés par leurs parents. Ces derniers se sont tous simplement volatilisés. Abusant de la gentillesse et de la mémoire défectueuse de leur voisine, les deux frères récupèrent des provisions chez elle et réussissent, pendant quelques jours, à vivre seuls, avant d’être récupérés par l’ASE, l’Aide Sociale à l’Enfance.
« Un soir, quelqu’un a frappé à la porte. Yaël s’est levé et a passé la main sur sa bouche comme si c’était une fermeture éclair. Un monsieur avec un képi nous a demandé si nos parents étaient là. Mon frère lui a répondu que maman était chez sa sœur et que papa était encore à l’usine. Je ne savais pas que maman s’était réconciliée avec tante Mathilde ni que papa avait retrouvé du travail. L’homme bleu est reparti. Il est revenu quelques jours plus tard, puis encore plus tard, puis encore après. Il s’en allait toujours avec le même air, celui de Nick Torres de NCIS, enquêtes spéciales, quand il sent qu’un truc ne tourne pas rond. Je sais pas si c’est pareil pour vous, mais moi, je trouve que les séries aident drôlement bien à comprendre les choses de la vie. Parfois même elles rendent plus fort et enlèvent un peu de la tristesse qui gonfle dans le ventre. »
Ils sont alors conduits dans deux ailes séparées d’un foyer où Ethan, le narrateur, oscille entre une réalité douloureuse marquée par la séparation d’avec son frère adoré et sa peau rongée par un eczéma qu’il considère comme sa maladie de l’enfance. Pour survivre, il se plonge régulièrement dans son imaginaire rassurant où il se voit en voyageur, à l’instar de Nils Holgersson et ses oies sauvages. Il se réfugie aussi dans les séries qu’il a l’habitude de regarder et qui lui offrent des similitudes avec sa propre vie.
Nous suivons alors le quotidien d’Ethan qui passe de famille d’accueil en famille d’accueil. Ce n’est pas évident pour lui de vivre la séparation d’avec son frère, mais aussi de sa copine de foyer, à chaque fois qu’il est envoyé en famille d’accueil. Par ailleurs, il revient de plus en plus blessé lorsqu’il retourne au foyer, quand une famille a décidé de se passer de lui.
Le récit alterne la réalité d’Ethan et la réécriture de séries célèbres (Stranger Things, Friends ou encore NCIS) dans lesquelles le jeune garçon se plonge pour fuir une réalité trop dure à appréhender. On y voit des résurgences de ses souvenirs dans ces dialogues imaginaires des héros des feuilletons télévisées : la mère est vraisemblablement en hôpital psychiatrique et le père en prison. Néanmoins, les frontières sont tellement floues qu’il est difficile d’intégrer ces extraits dans l’histoire réelle.
Dans cette histoire, la relation entre les deux frères est très touchante et émouvante, on ne demande qu’une chose, c’est que les 2 frères soient à nouveau réunis. La fin de l’histoire est surprenante et bouleversante, mais je n’en dis pas plus.
« Le jour où les parents ont fugué. J’avais 11 ans, je rentrais de l’école avec mon frère et le soleil bleu tout en haut. Il était grand, Yaël. Il avait seulement 16 ans, mais il savait des choses comme un vieux de 20 ou même de 30 ans. Il savait reconnaître le printemps à l’épaisseur et à l’odeur du vent, il savait battre les profondeurs de l’hiver et les colères de maman, il savait quand il fallait fermer la porte de la chambre à double tour et attendre que papa redevienne normal, il savait quand il fallait se prendre les mains et se les serrer fort. »
Le +
- L’image de la couverture reflète bien le contenu de l’histoire.
- L’histoire d’Ethan et sa façon de survivre à l’impensable sont très touchantes.
- La fin est bouleversante, mais très juste.
Le –
Les chapitres modifiant des épisodes de séries m’ont laissée quelque peu dubitative J’en ai compris l’intérêt, mais il m’a semblé qu’ils coupaient trop régulièrement la narration et qu’ils étaient trop nombreux pour être efficaces.
Le coin des profs
Le récit est une belle porte d’entrée pour aborder les enfants placés en foyer et familles d’accueil, mais aussi le deuil.
Niveau de lecture
Intermédiaire
Genre
Récit réaliste
Mots clés
Abandon, eczéma, deuil, famille (d’accueil), foyer, frère, imaginaire, négligence, peur, perte, protection de l’enfance, suicide
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Recherche parents parfaits, Steward Foster
Infos pratiques
– À partir de 13 ans
– L’école des loisirs
– 205p.
– 13,50€