Pikâ Don (Hiroshima) (Alex Lorette)
De cette bombe qui a dévasté Hiroshima et Nagasaki le 6 août 1945, que sait-on exactement ? On visualise très bien le champignon géant qui s’élève dans le ciel, on se souvient vaguement d’avoir entendu parler de 140 000 morts. Quoi d’autre ? Rien. Loi de proximité oblige, cette tragédie nous paraît lointaine. « Est-ce qu’on a quelque chose à voir avec ça, avec tous ces morts qu’on ne voit jamais. Est-ce qu’on est responsable de ça ? »
Sous la forme de 14 tableaux interchangeables et inspirés de témoignages, l’auteur nous propose d’explorer à nouveau cet événement historique à travers un texte fort et juste (en japonais, « Pikâ » signifie « lumière, éclair » et « Don », « bruit d’explosion »). Il donne la parole aux survivants, qui expliquent ce qu’ils ont vécu juste avant, juste après et longtemps après l’explosion, avec beaucoup de retenue et sans verser dans le voyeurisme ou le sentimentalisme. À travers des images percutantes, l’auteur nous livre les préoccupations concrètes des personnages : « Plus personne n’a de montre même les cadavres on les a arrachées de leur poignet », « sur mes chevilles, c’est ma peau là, comme une paire de chaussettes en accordéon », « nous sommes tous nus, les vêtements brûlés, j’approche de la rivière (…) des corps qui flottent, inertes, et d’autres qui les poussent pour se frayer un passage, dans l’eau, jusqu’à l’autre rive ».
Lire la suite : https://le-carnet-et-les-instants.net/2015/07/03/lorette-pika-don/