Rois de cendres (K. Ancrum)
Résumé de l’éditeur
August et Jack n’ont jamais fait partie du même monde. August est discret, alors que Jack est la star du lycée. Pourtant, tous deux partagent bien des secrets, à commencer par leur amitié qui remonte à l’enfance. Quand Jack semble envahi par des hallucinations inquiétantes, c’est le monde d’August qui s’effondre. Il réagit alors de la seule façon qui lui semble envisageable : en plongeant dans la folie de Jack.
Mon avis
Jack et August sont des amis d’enfance, mais ils ne s’affichent pas ensemble au lycée car ils sont très différents. D’un côté, Jack est populaire, il joue au foot et a une petite amie ; de l’autre, August essaye d’être transparent et deale de la drogue pour gagner assez d’argent pour payer le loyer (il vit seul avec sa mère qui ne travaille pas).
Quand Jack commence à avoir des hallucinations, à changer de comportement, August essaie de le comprendre, de l’aider par tous les moyens et finit par plonger dans sa folie pour tenter de l’en sortir. Leur relation est très fraternelle, mais devient ambiguë, voire malsaine, car les 2 amis s’enferment dans leur bulle et essayent de sortir d’une situation qui les dépasse complètement. Ils ont une relation exclusive qui empêche August de prendre la distance nécessaire pour réfléchir à une solution concrète aux problèmes de Jack, une relation tellement fusionnelle qu’August n’imagine pas un instant laisser Jack seul dans sa folie : il préfère ainsi l’y accompagner plutôt que de trahir sa confiance en le confiant à un psychiatre. C’est une relation toxique qui fait du tort aux deux protagonistes au lieu de les tirer vers le haut. Ils veillent l’un sur l’autre car personne ne le fait pour eux. Leur relation est intense, forte, parfois brutale, et elle devient peu à peu destructrice.
« – Sans toi je crèverais de faim et je ne finirais jamais mes devoirs. Donc pour être parfaitement honnête, ton amitié est non négociable, expliqua Jack alors qu’August déposait une assiette devant lui.
– C’est rassurant. Content de savoir que je suis ton cuisto et ton père à la fois.
– Réjouis-toi, tu n’as pas à assister aux réunions parents-profs, rétorqua Jack avec un clin d’œil. »
Si August et Jack vont aussi loin, c’est parce qu’ils ont tous les deux des parents défaillants ou absents. La mère d’August est en dépression et c’est lui qui prend tout en charge dans la maison ; quant aux parents de Jack, ils sont toujours en voyage et le laissent quasi tout le temps tout seul. Les 2 ados ont alors besoin l’un de l’autre, ce qui les emmène dans une relation étrange. Jack est le meneur et August prend soin de lui. Plutôt que d’essayer de se confier aux adultes et de tenter de guérir Jack en l’envoyant à l’hôpital, August essaye de sauver son ami. Même s’ils ne sont pas seuls, ceux qui les aident sont des jeunes de leur âge conscients que ça tourne mal, mais impuissants face à toute cette folie. Dans l’histoire, aucun adulte ne prend ses responsabilités et ne se questionne sur ce qu’il se passe avec ces 2 jeunes. C’est pour ça que ça va aussi loin. L’histoire évolue crescendo dans la folie jusqu’à un point de non-retour (je n’en dirai pas plus).
Le fait qu’on aborde le thème de la maladie mentale m’a beaucoup plu. Je ne savais pas vraiment dans quoi j’allais mettre les pieds, les personnages non plus d’ailleurs et c’était intense d’avancer dans le même sentiment de perdition qu’eux.
L’objet livre est très travaillé et original : les pages blanches deviennent de plus en plus noires au fur et à mesure de la descente aux enfers de Jack et plongent le lecteur dans une ambiance très particulière entre imagination et folie, si bien que l’on finit par s’y perdre aussi. Ce roman sort de l’ordinaire, il est très étrange. Il met mal à l’aise et fascine à la fois. Un roman percutant et intéressant !
Le +
– Le thème est audacieux et peu traité en littérature de jeunesse.
– L’objet livre est magnifique avec les pages qui deviennent de plus en plus noires au fur et à mesure que Jack sombre dans la folie.
– La fin est surprenante, mais rassurante. J’avoue que je me suis dit durant toute la lecture que ça allait mal finir.
– J’ai aimé la note de l’auteure qui explique qu’il faut parler de la maladie mentale et qui donne des adresses de contact.
Le –
– Le récit est composé de très courts chapitres entrecoupés de playlists, de photos, de SMS, ce qui m’a donné l’impression que le récit était traité en superficialité.
– Les 2 héros sont trop peu caractérisés à mon goût. J’ai eu du mal à comprendre pourquoi ils en sont arrivés là et surtout pourquoi les parents sont si absents et les profs si inactifs face aux signaux de détresse évidents des 2 amis.
Le coin des profs
C’est un roman à ne pas mettre en toutes les mains car il peut engendrer de la confusion chez des jeunes lecteurs ayant besoin d’un cadre clair. Ici, il n’y a pas de schéma narratif classique, il y a souvent de la confusion entre réalité, imagination et folie ; ça peut être déroutant, mais c’est une façon très juste de présenter des troubles mentaux.
Niveau de lecture
Intermédiaire, voire avancé
Genre
Roman sur la santé mentale avec des accents oniriques
Mots clés
Amitié, autodestruction, dépendance affective, homosexualité, maladie mentale, négligence familiale, relation fusionnelle et toxique, solitude
Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…
Face aux ténèbres. Chronique d’une folie, William Styron
Infos pratiques
– À partir de 15 ans
– Milan
– 313p.
– 16,90€
2 réflexions sur « Rois de cendres (K. Ancrum) »
encore une fois une critique bien faite et intéressante, chère amie, ça me donne envie de lire le bouquin…mais pas pour le PF !
Tout à fait d’accord avec toi, Jacqueline!
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