Fréquence Oregon (Loïc Le Pallec)
Résumé de l’éditeur
La Terre, dans quelques années… À l’abri d’un monde en proie au chaos, dans un luxueux complexe pour familles fortunées, Alta Luna s’ennuie entre une mère dépressive et un père débordé. Heureusement, il y a les amis : Jonas, un peintre bâti comme un gladiateur, et Gaspard, qui dispute d’interminables parties d’échecs avec le robot Seven. Un jour, un couple de jeunes déserteurs échouent sur les côtes de ce paradis, ils sont aussitôt emprisonnés. Alta Luna, Jonas et Gaspard décident d’organiser leur évasion, avant de s’envoler à bord d’un petit avion avec leurs protégés et Seven. Leur destination ? L’Oregon. Un mystérieux « capitaine Green » est, paraît-il, en train d’y bâtir un monde nouveau…
Mon avis
Nous voici plongés dans une dystopie post-apocalyptique où des personnes très riches continuent d’entretenir des guerres afin de générer de l’argent. Bien à l’abri de ces considérations, Alta Luna, une jeune adolescente de 17 ans, s’ennuie profondément dans son oasis paradisiaque. Elle vit en effet dans un monde où les très riches se sont enfermés dans un ghetto censé leur offrir une vie de rêve. À l’extérieur se trouve le monde aride, affamé, plongé dans une guerre permanente entretenue par les puissants pour asseoir leur pouvoir et accroître leurs richesses.
Alta Luna voit son père toujours parti à gauche et à droite et vit avec une mère quasiment absente. Elle mène une vie routinière un peu lassante entre la nage et les repas. Si ce n’est les quelques disputes avec la bande de Crisco, rien ne vient la sortir de son morne quotidien, jusqu’à ce qu’Ulysse et Cassiopée, les deux naufragés dont elle a entendu la voix sur les fréquences bidouillées d’une radio fabriquée par Gaspard, le génie de la bande. Alta Luna décide alors de partir avec son ami Jonas sur les traces d’un mystérieux Capitaine Green qui appelle tous les résistants, fugitifs et autres idéalistes à le rejoindre quelque part en Oregon pour bâtir un monde nouveau. Ils seront ensuite rejoints par Gaspard et un robot intelligent et sensible (oui, vous avez bien lu).
« [Seven, un robot, s’exprime au sujet de l’amitié, au milieu de ses amis humains : Gaspard, Alta Luna, Jonas …] – Notre communauté fait preuve d’une grande cohésion. Nous ne connaissons ni la frustration individuelle, ni la jalousie, pas plus que l’agressivité. Nous apprécions le fait de vivre en groupe, de développer ensemble des projets, nos sujets d’intérêt sont multiples. Pourtant … – Pourtant ? – Pourtant, l’amitié est quelque chose qui vous est propre. En son nom, vous êtes capables de faire des choses incroyablement déraisonnables … – … comme celles qui nous entraînent à être pourchassés par des gens hostiles, en plein désert, et à nous lancer dans la quête improbable d’un nouvel Eldorado ? le taquine Gaspard. – Je dirais plutôt : à quitter sans hésitation tout ce que vous connaissez, tout ce qui vous rassure, à dépasser le cadre de votre propre existence pour risquer l’inconnu. »
Fréquence Oregon est un livre trop rare qui traite de la période suivant une apocalypse climatique. Malgré quelques faiblesses (cf. ci-dessous), le récit a le mérite de susciter la réflexion et de redonner espoir : il pousse à croire qu’un monde meilleur pourra être reconstruit un jour.
Le +
– Le thème me paraît original.
– Les robots ayant construit des sociétés autonomes continuent d’apporter leur soutien aux hommes qui les ont créés. Le personnage de Seven est à cet égard assez intéressant.
Le –
– Il y a pas mal de clichés dans le roman : les personnages (le costaud, l’intello, la débrouillarde et le robot), un peu trop de thèmes (climat, solidarité, développement durable, régimes tyranniques, univers manichéen entre les bons et les méchants…), mais trop peu de densité. La personnalité des héros est à peine fouillée.
– Le road trip démarre rapidement, mais il est trop linéaire et manque d’épaisseur malgré ses péripéties (on se croirait dans un James Bond où on sait d’avance que tout va bien se terminer).
– Le happy end est un peu trop parfait à mon sens.
Le coin des profs
Le récit ne présente aucune difficulté de lecture et présente l’intérêt, malgré ses faiblesses, de susciter la réflexion sur la reconstruction d’un pays après une catastrophe climatique.
Mots clés
Action, amitié, écologie, guerre, oasis, pauvreté, post-apocalypse, richesse, rivalité
Infos pratiques
– À partir de 13 ans
– Sarbacane
– 246p.
– 15,50€
2 réflexions sur « Fréquence Oregon (Loïc Le Pallec) »
Bonjour,
je viens de découvrir votre critique par hasard et plusieurs années après la parution du roman. Je vous remercie donc tardivement d’avoir pris le temps d’écrire ce petit article… ( je suis d’ailleurs globalement assez d’accord avec vos propos. Ce roman a subi pas mal de coupes avant sa publication, ce qui fait que les personnages ont en effet moins d’épaisseurs ) Les clichés sont nombreux, c’est vrai, ils étaient destinés à rendre une sorte d’hommage à ce genre de littérature en reprenant les codes les plus connus. Il est également vrai, que j’aborde beaucoup de thèmes, ( je lis tellement d’études scientifiques quand je travaille sur un livre, que j’ai envie de partager mes découvertes… je dois donc assumer mon côté boulimique. Quoi qu’il en soit, j’apprécie toujours une critique quand elle est bien écrite. merci encore
Avec plaisir!
Les commentaires sont clos.