Les sous-vivants (Johan Heliot)
Résumé de l’éditeur
L’humanité, devenue stérile, a presque disparu de la surface de la Terre. Dans un Paris en ruines envahi par la forêt, de petites tribus survivent tant bien que mal. Le jour, leurs membres doivent affronter une chaleur étouffante ; la nuit, un ennemi plus implacable encore : les ferhoms, étranges robots qui enlèvent les adultes et les emportent vers une mystérieuse destination. Comment naissent les enfants qui peuplent les tribus ? Personne ne le sait… Quand son père est à son tour capturé, Soria part à sa recherche avec son meilleur ami. Ensemble, ils découvriront un peuple caché dans les entrailles de la Terre, les Purs, et l’incroyable secret de leurs origines.
Mon avis
L’histoire se déroule dans un Paris que l’on reconnaît à peine, où la Tour Eiffel est appelée Haute Pointe et la Seine, Pue-la-boue. La ville a en effet tant bien que mal survécu à une catastrophe dont nous ne saurons rien. Nous comprenons vite que la nature y a repris ses droits et que le climat entre les tribus est hostile.
Soria vit dans une tribu affamée et assommée par le soleil. Lorsque son père et son ami Keiff sont enlevés par les ferhoms, des robots dangereux contrôlés par les Purs, elle décide de partir à leur recherche avec Selim, son ami d’enfance, même si elle sait cette quête très périlleuse.
Le récit se présente sous une forme polyphonique : nous alternons tour à tour le point de vue de Soria, et celui de Tigdal, un Pur très curieux malmené par ses camarades. Leurs points de vue sont ponctués par les racontars de Selim, des histoires inventées pour expliquer les origines et croyances des tribus.
L’histoire donnée à lire peut être classée dans la catégorie des récits d’anticipation baignant dans un univers dystopique. En effet, outre le danger permanent dans lequel vivent les tribus, celles-ci sont régies par des règles imposées à tous, que les membres appliquent docilement, surveillés par des chefs autoritaires qui gardent précieusement secrètes les explications sur leurs origines et les raisons de leur mode de fonctionnement.
« Une fois les membres de sa chambrée scrupuleusement sélectionnés, et quel que soit ensuite leur tunnel d’affectation, un Doyen conservait sur eux le pouvoir absolu. Seule échappatoire possible : la mort. Les Purs, toutefois, ne décédaient jamais dans un accident ni des suites d’une maladie, car ces risques-là étaient totalement éradiqués de leur univers. Par conséquent, soit le grand âge finissait par les emporter, soit ils étaient victimes d’un assassinat rituel. Il n’y avait pas d’autre alternative. »
Au fur et à mesure que l’histoire avance, on découvre que Soria et Tigdal sont des ennemis, mais le courage de l’une et la sensibilité de l’autre vont rendre leur rencontre intéressante. Plus on avance dans la lecture, plus on s’attache à eux et on a peur pour eux. Malgré la lourdeur du climat dans laquelle les héros évoluent, le récit n’est pas pesant à lire, on passe même plutôt un moment agréable de lecture.
Le +
- Les détails et explications des tribus sur et sous la surface sont distillés au bon moment, ce qui rend la lecture facile et agréable.
- Le récit présente une forme de capitalisme que je trouve intéressante à pointer. C’est en effet peut-être celle de notre futur.
- L’intelligence et la vivacité d’esprit de Soria et Tigdal rendent ces personnages intéressants et bien vivants.
Le –
- Le démarrage est assez lent, il faut attendre presque la moitié du récit pour que le suspense soit bien installé.
- Le secret sur les origines des tribus est donné assez tard, ce qui m’a un peu frustrée, mais je comprends aussi que l’auteur ait ménagé son suspense.
Le coin des profs
- Le récit ne présente pas de difficulté de lecture.
- La catastrophe qui a presque éradiqué Paris ressemble à une catastrophe climatique. Une belle mise en situation de ce qu’on pourrait vivre si on ne fait rien pour enrayer le réchauffement de la planète.
- On pourrait faire un parallèle entre cette histoire et celle de la série The walking dead (on y retrouve une catastrophe à l’origine et les mêmes problèmes de survie et d’autorité dans les clans), ce qui susciterait probablement l’intérêt des plus réticents à la littérature (pour autant qu’ils aiment la série avec les zombies).
- En filigrane, à travers le binôme entre Tigdal et Harkan, on peut évoquer le thème du harcèlement scolaire, criant d’actualité.
Infos pratiques
- 12 et plus
- Seuil jeunesse
- 319p.
- 14€